Science-Based Target initiative (SBTi)


SBTi

L'initiative Science-Based Targets (SBTi), objectifs fondés sur la science en Français, produit des standards pour aider les entreprises à définir des trajectoires de réduction de leurs émissions à partir de travaux du GIEC ou bien de scénarios sectoriels établis par l'Agence Internationale de l'Energie (AIE ou IEA en anglais).

Créée en 2015 dans la continuité des Accord de Paris, 4 grandes institutions ont décidé d'unir leurs forces pour proposer un cadre méthodologique et dont l'objectif est d'aider les entreprises à fixer des objectifs climatiques cohérents en leur fournissant un cadre rigoureux qui s'appuie sur des données scientifiques :

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Plusieurs milliers d'entreprises dans le monde sont engagées dans cette méthode afin d'atteindre la neutralité carbone mondiale en 2050. SBTi s'inscrit comme l'intermédiaire de confiance qui permettra de valider la crédibilité et la sincérité de l'engagement climatique d'une entreprise, avec tous les bénéfices qui en découlent pour elle.

Etapes de transition de l'entreprise avec SBTi


Toute entreprise qui veut prétendre aux objectifs Net Zero dans le cadre du SBTi doit tout d'abord mesurer ses émissions de GES annuelles lors d'un bilan carbone complet. C'est une première étape essentielle car ce bilan servira de référentiel pour les émissions des années futures.

Les objectifs définis par les entreprises dans le cadre du "SBTi's Corporate Net-Zero Standard" prennent obligatoirement les scopes 1 et 2, ainsi que le scope 3 qui doit être considéré si celui-ci représente plus de 40% des émissions totales de l'entreprise.

En tout état de cause, l'enjeu essentiel de la SBTi est de définir des stratégies de réduction des émissions, non de compensation. La contribution carbone à des projets extérieurs, par la finance de puits de carbone notamment, est donc considérée comme un engagement supplémentaire, qui doit avoir lieu après les démarches de réduction.

Dans le cadre du Standard Net-Zero, une entreprise doit suivre une trajectoire globalement prédéfinie, en 4 étapes :

  1. Réduction à court terme (5 à 10 ans) des émissions issus de la production, la distribution et l'utilisation des produits et services de l'entreprise.
  2. Atteinte de l'objectif final net-zéro, c'est-à-dire en règle générale la réduction des émissions de gaz à effet de serre à 90% issus de sa production pour 2050.
  3. Réduction des émissions au-delà de la chaîne de valeur : il s'agit, avec les 10% restants, de contribuer à la neutralité carbone en soutenant financièrement des projets qui stockent du carbone, à hauteur des émissions incompressibles de l'entreprise.
  4. Une fois que l'objectif final net-zero est atteint, il reste à supprimer complètement le reste des émissions de la chaîne de valeur. Cette étape est encore en étude par l'initiative SBT.

Toutes ses étapes doivent être alignées avec l'objectif de réduction mondiale de 1,5°C.

Processus d'engagement des entreprises auprès de SBTi


Processus SBTi

Zoom sur le "budget carbone" (ou budget carbone mondial restant)


Le "budget carbone mondial" est un plafond limite maximum concernant la quantité totale d'émissions cumulées dans le temps à ne pas dépasser pour rester sous les 2°C.

Or, nos émissions passées ont déjà bien entamé le budget carbone mondial, on s'intéresse donc ici de budget carbone restant. C'est la marge de manoeuvre qu'il nous reste pour limiter le réchauffement climatique.

Le GIEC a calculé que depuis 1850, le cumul des émissions de CO2e (CO2e = équivalent CO2 qui permet d'avoir une unité de mesure commune aux différents gaz à effet de serre : CO2, protoxyde d'azote, méthane, ...) est de 2390 gigatonnes (source : IPCC AR6 WG1).

Pour maximiser nos chances de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, il ne faut pas émettre plus de 300 gigatonnes de CO2e supplémentaires ou 900 gigatonnes pour tenir l'objectif de 2°C.

C'est très peu quand on sait que les émissions mondiales sont d'environ 40 gigatonnes de CO2e / an. A ce rythme, on risque de dépasser notre budget carbone pour rester sous la barre des 1,5°C dans moins de 10 ans.

Comment décliner ce budget carbone restant pour mon entreprise ?


En partant de ce budget carbone restant, les méthodes SDA ou ACA permettent de construire une trajectoire de réduction des émissions pour chaque entreprise. Mais laquelle choisir pour votre entreprise ?

L'objectif de ces méthodes est avant tout de permettre aux entreprises de comprendre comment définir leur propre trajectoire qui utilisera au mieux le budget carbone restant au niveau mondial pour respecter les Accord de Paris et limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ou 2°C.

Pour ce faire, il existe deux méthodes développée par la SBTi :

  1. ACA (pour Absolut Contraction Approach) : c'est l'approche de la contraction absolue qui consiste, à partir du budget carbone restant au niveau mondial, à déduire pour toutes les entreprises quelque soit le secteur le rythme de réduction des émissions nécessaire entre une année de départ et une année cible pour rester sous les 1,5°C ou les 2°C. Par exemple :
    • L'entreprise Procter & Gamble (P&G) s'est engagée à réduire les émissions de ses opérations de 50% d'ici à 2030 par rapport à 2010.
    • L'entreprise General Mills s'est engagée à réduire les émissions de sa chaîne de valeur de 28% d'ici 2025 par rapport à 2010.
  2. SDA (pour Sectoral Decarbonization Approach) : dans cette approche, le budget carbone mondial restant est d'abord réparti secteur par secteur. Chaque secteur d'activité se voit attribuer une part de budget carbone restant. Cette part est calculée sur la base des scénarios sectoriels de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). Ensuite, les entreprises de chaque secteur se voient attribuer un même objectif exprimé via un indicateur spécifique à chacun de ces secteurs. Par exemple, dans chaque cas, l'indicateur est rapporté à l'unité de mesure qui représente le mieux l'activité du secteur :
    • Dans l'immobilier : il s'agit d'un % des émissions par m2. Avec cette méthode, les entreprises du secteur doivent atteindre à terme le même niveau d'émissions par mètre carré quelque soit le niveau où elles sont aujourd'hui.
    • Dans l'énergie : il s'agit d'un % des émissions par kWh pour l'électricité ou par TJ (térajoule) pour l'industrie pétrolière et gazière. Par exemple, le groupe italien Enel s'est engagé à réduire les émissions de son Scope 1 de 80% par kWh d'ici à 2030
    • Dans les transports : il s'agit d'un % des émissions par km parcouru. Par exemple, la compagnie de chemin de fer américaine Norfolk Southern s'est engagée à réduire de 42% ses émissions par tonne-kilomètre d'ici 2034.

Le détail de ces méthodes est disponible dans le SBTi Corporate Manual disponible en ligne.

Quelle différence d'approche entre les deux méthodes ACA et SDA ?

  • La méthode ACA est aujourd'hui choisie par la majorité des entreprises qui suivent la SBTi. L'avantage de cette méthode est qu'elle peut s'appliquer à tous types d'entreprises mais est moins précise que la méthode sectorielle SDA puisqu'elle se base sur des scénarios globaux qui ne prennent pas en compte les spécificités de chaque secteur. La méthode ACA définit un objectif de réduction absolu pour toutes les entreprises, quel que soit le secteur.
  • Avec la méthode SDA, les entreprises se voient attribuer un objectif de réduction en valeur relative, exprimé via un indicateur spécifique à chaque secteur (% de réduction des émissions par kWh, par m2, ...).

Concernant la méthode SDA, il s'agit d'abord trouver le bon scénario pour votre secteur d'activité. Par exemple, pour l'agriculture et l'alimentation, il sera nécessaire d'aller au-delà de ce que propose l'AIE qui ne couvre pas ce secteur. Cette méthode fonctionne surtout pour les secteurs homogènes qui proposent des produits relativement similaires en termes d'intensité carbone (industrie du ciment, papier, aluminium, ...).

A l'inverse la méthode ACA fonctionne surtout pour les secteurs hétérogènes qui incluent des entreprises avec des produits très différents (industrie chimique avec ses milliers de produits qui diffèrent fortement les unes des autres).

Il est à noter que la méthode SDA fonctionne sur des valeurs relatives (réduire des émissions par kWh, par m2, par kilomètre). Par exemple, une entreprise qui parvient à réduire ses émissions par m2 de 10% mais qui, sur la même période, a augmenté de 20% son volume de construction, le bilan global de ses émissions sera en hausse. Il est donc clé de bien vérifier que la production supplémentaire ne mène pas à des émissions supplémentaires en valeur absolue.

Initiatives en lien avec la question de la redevabilité climatique des entreprises


  • Science Based Target (SBT) : SBTi est une initiative internationale, portée depuis 2015 par plusieurs organisations dont le Carbon Disclosure Project (CDP), qui propose des méthodes qui permettent de passer du budget carbone planétaire à l'échelle de l'entreprise. L'idée est d'aider les entreprises à se fixer des objectifs de réduction d'émission compatibles avec la science. SBTi propose également une certification des objectifs des entreprises
  • Assessing low Carbon Transition (ACT) : lancée en 2015 lors de la COP21 par l'ADEME en collaboration avec le Carbon Disclosure Project (CDP). C'est une initiative qui propose un cadre de redevabilité climatique au travers de méthodes sectorielles qui permettent d'évaluer les stratégies de décarbonation et les plans de transition associés des entreprises

Complémentarité entre SBTi et ACT


Pour mieux comprendre la complémentarité entre SBTi et ACT, prenons une analogie :

SBTi aide à définir des objectifs et ACT à évaluer la crédibilité des moyens mis en oeuvre pour les atteindre.

Les méthodes sectorielles ACT permettent de s'assurer de la crédibilité du plan de transition de l'entreprise pour atteindre ses objectifs de réduction d'émissions. Elle vérifie l'adéquation des moyens que l'entreprise a mis en place ou prévoit de mettre en place. Si l'entreprise n'a pas de plan, ACT propose alors une démarche ACT pas-à-pas pour aider les entreprises à définir leur stratégie de décarbonation et les plans de transition associés.

En savoir plus sur ACT

Quels sont les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de votre entreprise ?


Qu'en est-il de votre entreprise ?

Voici quelques questions que vous pourriez vous poser pour alimenter votre réflexion :

  • Vos différents établissements / sites sont-ils résilients aux différents aléas climatiques dus au réchauffement climatique ?
  • Quels sont les processus vitaux de votre entreprise ? Quelle durée d'interruption maximale acceptable afin de ne pas mettre en péril la pérennité de votre entreprise ?
  • Votre chaîne de valeur (vos opérations et les activités en amont et en aval) est-elle résiliente de bout en bout ?

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